Figurez-vous que durand mon exil volontaire, j'ai l'occasion de visiter plein de vieilles planètes de la voie lactée où traine tout un tas de vielle choses. Comme ma traductrice est éperdument amoureuse de moi (hélas pour moi nous avons presque 60 ans d'écart
) elle à voulu me suivre. Notez qu'elle est tomber sur un neuro instructeur et qu'elle pratique les 2890 langues les plus couramment pratiquées dans l'univers (encore une hélas pour moi je suis trop vieux pour encaisser le choc des neuro-instructeur, par contre j'ai le nez pour découvrir des vieux manuscrits et autres vieillerie du genre). Etant donné que Naya s'est sacrifié pour moi, si je puis dire car il y aura bien un jour où un plus jeune la fera craquer (l'a interêt à être bien celui là parce que sinon
...) j'ai pris un tranmetteur intergalactique ce qui me permet de communiquer de temps à autre avec vous, encore qu'avec ces foutues ondes ondulatoires et cette fichu courbure de l'espace temps, je suis pas sûr que vous receviez mes message à temps et en heure, mais bon ce bon vieux Naismith ne va pas s'arrêterde transmettre pour des broutilles. Or donc voici qu'aux détours de ruines dans une vieux manoir à moitié détruit par le temps, je tombe nez à nez sur un vieux bureau en bon chêne. Ni une ni deux, ma curiosité piquée au vif, j'en crochète les tiroirs et trouve ce manuscrit que je vous livre tel que nous l'avons déchiffrer Naya et moi (surtout Naya je dois dire
).
C’est à quel sujet ?
Oui, ça me revient. Mr Schwartz m’avait prévenu que vous passeriez peut-être aujourd’hui. Vous voulez voir l’aile B, c’est ça ?
Parfait, par ici s’il vous plait."
Le sol et les murs de granit portent les rides du temps. De temps à autre un cri retenti, se répercutant le long des couloirs comme une balle en caoutchouc. En dehors de ces manifestations de vie, le silence tragique des pierres qui ont vu s’écouler l’histoire, règne en maître.
"Voici Max. Il est ici depuis une dizaine d’année. Lorsqu’il ne dort pas il discute à voix haute. Il parle à un autre qui lui donnerait la réplique, enfin c’est ce qu’il dit. La plupart du temps, il est absolument incompréhensible. Parfois il lui arrive de changer de langue au cours d’une même phrase. Mais il est parfaitement inoffensif, du moins l’a-t-il été jusqu’à maintenant. Seulement, il est impossible de savoir s’il va le rester. Il est incontrôlable, donc par mesure de précaution il doit rester ici.
Non, il est impossible que vous leur parliez, vous les perturberiez beaucoup trop.
Suivez-moi, nous allons voir l’artiste."
Une haleine de décomposition plane dans le couloir. L’air est chaud, comme dans l’antre cotonneuse d’un hamster au fond d’une cage. Le grésillement des néons rappelle le bourdonnement d’un insecte tapis au fond de son nid. Quelque part de l’eau suinte, une grippe mal soignée.
"Voici Henriette. Elle aussi est entrée il y a dix ans. Comme vous pouvez le voir elle peint. Nous lui fournissons de quoi satisfaire sa créativité le matin et, en règle générale, elle est calme pour la journée. Cependant il lui arrive parfois d’hurler des injures. Bien souvent c’est quand elle n’a plus de peinture. Jusqu’à présent, même dans ses pires crises, elle n’a jamais été violente. Mais il subsiste toujours un risque. On ne sait pas ce qui peut arriver , alors par mesure de précaution…
Pardon ? Je ne sais pas, il n’y a que cinq ans que je suis là.
Par ici s’il vous plait, je vais vous montrer Arthur."
Les barreaux des fenêtres découpent la lumière en éléments connus et inconnus. Le parquet grince. De temps à autre la chute d’un objet résonne le long du couloir vierge de décoration. Dehors le jardin est en fleur, une invitation à la détente, à l’oubli.
"Arthur, que l’on surnomme le jongleur –vous comprenez aisément pourquoi- est entré dans l’établissement en même temps que les deux autres. Nous avons du augmenter la hauteur du plafond de sa cellule pour répondre à ses exigences. A première vue il peut paraître comme quelqu’un de normal, et peut-être l’est-il un peu au fond de lui, mais ses journées se résument à ceci : Lever-balles-toilette-balles- etc. Bien souvent il est calme, et parfois il est possible de parler avec lui. Mais s’il s’énerve après une de ses balles il devient incontrôlable, donc par mesure de précaution…
Maintenant nous allons passer voir Alexandre puis vous verrez une cellule typique."
Un courant d’air circule comme dans un moulin, apportant avec lui les effluves des cuisines. Le soleil fait luire le gris des portes métalliques, autant de feuille de lierre s’agrippant fermement à l’histoire. Quelque oiseaux s’égaillent non loin des fenêtres, comme pour rappeler un acte oublié.
"Alexandre est entrée peu avant les autres. Il est excessivement timide, raison pour laquelle il est chauve. Pour ne déranger personnes il lit dans son coin. Il est très difficile, pour ne pas dire parfois impossible, de le tirer de ses lectures. Il a vidé le contenu de plusieurs bibliothèques. et possède une mémoire excellente. il se souvient de tout ce qu’il a déjà lu et si on lui en amène un qu’il connaît déjà, il le refuse systématiquement . Il est calme et gentil, du moins pour l’instant, mais c’est uniquement du à sa grande timidité. Si cette barrière venait à lâcher il serait incontrôlable, donc par mesure de sécurité…"
Des néons. Quelques cris partent de plusieurs cellules. Des appels de détresse incompréhensible. L’atmosphère porte le poids des pierres. Un air d’un autre temps se glisse sous les portes, dents cariées dans une gencive multiséculaire. Peut-être est-ce bien un rat qui passe dans le fond.
« Voici une cellule type. Toutes les parties contondantes ou tranchantes de son mobilier ont été rembourrées afin que les patients ne se blessent pas. Nous laissons toujours quelques affaires dans les armoires, comme un petit cadeau de bienvenue. Les draps sont changés trois fois par semaine : le lundi, le mercredi et le vendredi. Toutes les fenêtres donnent sur le jardin. Vous pouvez aller voir. Si le patient à soif, il lui suffit d’appuyer sur le bouton bleu et un infirmier lui apporte à boire. S’il a faim il pousse le vert et le rouge s’il ne se sent pas bien. Le blanc ne sert que pour les demandes qui n’ont rien d’urgentes.
C’est un système enfantin, mais nous prenons bien soin de le faire comprendre à nos patients.
Vous avez compris n’est-ce pas ?…Alors c’est parfait, je vous souhaite la bienvenue. Non, ce n’est pas possible. Comprenez bien que ce n’est pas de ma propre volonté, c’est pour votre sécurité et celle des autres. Je vous prie de bien vouloir cesser ces enfantillages ! Mais, rendez-vous à l’évidence ! Vous êtes libre ! Donc parfaitement incontrôlable !"
Je pense qu'il ne faut jamais oublier d'être libre. en tout cas c'est le meilleurs que je vous souhaite.
A bientôt et bon vent à vous tous
Naismith.
PS: Cups je te répondrais sur le boulot dans un autre topic